Les Brazzavillois ne vivent pas, ils survivent
Comme il est de coutume, le Président de la République du Congo a prononcé ses voeux en ce début d’année 2024. Contre toute attente, il a décrété cette année « Année de la jeunesse ». Remplis d’espoir suite à ce discours, certains jeunes Congolais espèrent voir un changement dans leur environnement. Seulement, entre manque d’emploi, coupures d’électricité incessantes, pénurie d’eau potable, insécurité, dégradation des sols et le manque d’initiative pour écouter ce dont la jeunesse a réellement besoin, plusieurs d’entre nous restons pessimistes face à cette nouvelle.
Nous sommes au Congo Brazzaville, le seul pays au monde où quand c’est le fils de ton voisin qui chante l’indifférence du gouvernement à l’égard de la population, on applaudit et on dit félicitation à l’artiste. Mais quand c’est votre fils qui se met à dénoncer le même mal, on dit attention mon grand, il faut laisser, ça ne vaut pas la peine. En effet, nonobstant quelque petites têtes cachées, il n’est pas curieux de constater qu’au Congo, quand les choses vont mal, personne n’ose dire quelque chose parce que tout le monde chérit sa vie. Aujourd’hui, nous aimerions que les choses changent. Il faut que le monde entier sache qu’au Congo, les brazzavillois ne vivent pas, ils survivent et ils en ont marre.
Pour commencer, vous devez savoir que les jeunes ont des choses à dire. Vous devez vous rappeler qu’ils ont le droit d’exiger d’être écoutés. Lorsque nous sommes entourés des gens qui ne nous contredisent pas, il est extrêmement difficile qu’on puisse évoluer. Et parce je pense que ma voix peut compter, j’aimerai que vous lisiez ceci jusqu’à la fin et que vous le partagiez.
Une capitale sans électricité et sans eau potable
Primo, j’aimerais dénoncer le fait que depuis toujours, une grande partie de la population Congolaise vit dans des conditions du 18 ème siècle alors que nous sommes en 2024. Là encore je ne parle pas de ceux qui sont dans les villages hein. Je parle carrément de ceux qui sont à Brazzaville, la capitale même de la République du Congo.
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En effet, à Brazzaville, pour ne parler que de la capitale, il est impensable d’espérer finir tout un mois sans délestages répétés. Il est impossible de voir de l’eau potable sortir de nos robinets durant une semaine. Aussi, il est difficile pour un Brazzavillois d’arriver à l’heure à un rendez-vous. Vous penserez que c’est toujours la notion d’heure que nous n’avons pas, c’est faux.
A Brazzaville, à cause des routes dégradées et des embouteillages, si vous voulez arriver à l’heure à un rendez-vous, il vous faut quitter chez vous deux heures avant. C’est triste mais c’est vrai. Plusieurs personnes vont le nier, parce qu’ils pensent que Brazzaville c’est uniquement le centre ville. Par contre, allez à Ngamakosso, partez à Mfilou et faites un tour à Kinsoundi, vous comprendrez ce dont je parle. Pourtant, certains de ces quartiers ne sont pas loin du centre ville mais l’état dans lequel ils se trouvent est tout simplement déplorable. Comme d’habitude, malheureusement, personne n’en parle. Comme on a souvent l’habitude de le dire chez nous, tant que personne n’est mort pour ça, on ne prendra pas notre cri au sérieux.
Secundo, le Congolais est devenu, par crainte, celui-là qui se tait devant les gens qui doivent entendre les remarques. Il est ce citoyen là qui boude et fait du bruit quand il se retrouve chez lui devant ses voisins. Normal! Puisque nous oublions très souvent que la paix ce n’est pas seulement le manque de guerre. Une personne qui ne peut travailler durant une semaine parce qu’il n’a pas l’électricité chez lui, ne sera jamais en paix. Heureusement, il y en ont qui comprennent la nécessité de la prise de parole. Pas seulement pour se faire remarquer, mais parce que leurs voix comptent. En effet, j’ai personnellement aimé les challenges lancés par quelques jeunes artistes Congolais tel que Zukoyadeblè et le collectif de KOSAR & FLATTBOY avec Père-Noël, qui ont respectivement souligné les joies, les bonheurs, les bonnes choses mais aussi les malheurs que les jeunes ont vécu et vivent jusqu’au jour d’aujourd’hui, en passant par les cultures perdues et les difficultés auxquelles nous faisons fasse jours après jours; notamment, l’indifférence et l’injustice, ainsi que tous les autres maux qui minent nos communautés et qui nous rendent de plus en plus inaptes intellectuellement et socialement.
Lettre à la République
Puisque le Président de la République, son Excellence Monsieur Dénis Sassou NGUESSO a dit que l’année 2024 est l’année de la jeunesse, si par grâce, par chance ou par mal chance les membres du gouvernement Congolais venaient à lire cet article, j’aimerais qu’ils lisent ce qui suit:
Chers membres du gouvernement, chers parents, nous savons très bien que ce n’est pas facile de diriger tout un pays. Je le dis parce que j’ai eu la grâce d’être à la tête d’une communauté durant quelques années dans les temps passés, et je sais à quel point c’est dur. Toutefois, il est important de savoir premièrement ce dont vous avez besoin pour avancer. Nous ne sommes pas là pour vous dire comment vous devriez diriger le pays, puisque nous savons que vous êtes plus intelligents que plusieurs d’entre nous.
Seulement, sachez que si votre entourage ne vous contredit pas, c’est qu’ils sont contre vous. Si lorsque vous décidez une chose, tout le monde applaudit sans qu’il n’y ait quelqu’un qui s’oppose, sachez que vous allez continuer à croire que tout va bien, sans vous rendre compte que vous vous rendez de plus en plus inefficaces et incompétents aux yeux de la population. Révisez donc vos priorités. Nous voulons croire le Président aux mots mais, commencez par écouter si vous pouvez, ce que les jeunes ont à dire.
Aussi, si c’est nécessaire, mettez dehors ceux qui ne foutent rien de bon et protégez-nous de l’incivisme, de l’injustice et de la corruption. Lorsque vous entendrez les gens vous critiquer, sachez qu’ils veulent que vous vous améliorez, pas le contraire. S’il vous plait, sachez que les jeunes veulent étudier et veulent entreprendre dans de bonnes conditions. Ils ne veulent pas être obligés d’aller à l’étranger pour étudier et espérer trouver mieux. Ils veulent innover, ils souhaitent se démarquer et défendre les couleurs du pays. S’il y a une possibilité de le faire, aussi infime soit-elle, financez leurs projets et faites confiance à leur capacité de se surpasser.
Nous vous supplions de réhabiliter la plus grande université de notre pays, d’aider les instituts privés en les équipant de matériels technologiques et autres, afin de permettre à chacun de se donner la chance de réussir et de contribuer efficacement au développement de notre Nation. Nous voulons vivre dans la paix absolue car nous savons que nous avons ce qu’il nous faut pour y parvenir.
Prince-ley
Mais avant tout, faites en sorte que nous ne manquions plus d’eau potable et d’électricité. Donnez nous la possibilité de nous montrer compétents aux yeux du monde dans les domaines culturel, technologique, social et autres. Vous savez comme moi combien la jeunesse Congolaise aime étudier. Faites-nous une surprise cette année, vrai pardon.
Cordialement!
Pour nous et nos futurs enfants
En attendant de voir un changement, partagez, aimez, laissez un commentaire et faites en sorte que leurs téléphones sonnent jusqu’à ce que leurs batteries se déchargent s’ils ne nous répondent pas. Meilleurs voeux!
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