Que faire après le bac : partir ou rester ?
Lorsque je me replonge dans les méandres de mon enfance, une pluie de souvenirs précieux s’abat sur moi. Je me remémore alors, avec une certaine émotion, cette question qui résonne encore dans ma tête : « Que deviendras-tu quand tu seras grand ? » Je me revois, ce jeune écolier aux yeux étincelants, répondre avec une conviction palpable : « enseignant ».
À cette époque révolue, les tourments liés au choix de partir ou de rester n’avaient pas leur place dans ma réalité de Congolais. L’horizon se dessinait sans réelles frontières, mes rêves s’élevaient au-dessus des contraintes économiques, géographiques ou politiques.
Mais aujourd’hui, à travers le prisme du temps écoulé, cette époque semble lointaine. Pour toi, camarade, bachelier ou futur diplômé, les années ont apporté leur lot de défis et de réalités complexes. La simple question de ton métier est éclipsée par des dilemmes plus profonds et pressants. La vie te confronte à des situations où les choix semblent être des épreuves.
Toi camarade, bachelier ou futur diplômé qui te pose la question : « faut-il partir, braver les vents qui te hantent, ou bien rester, bercé par le connu qui t’appelle ? » J’aimerais te répondre cette fois avec ma voix d’adulte : malgré les maux de notre continent, personne ne viendra construire notre Afrique à notre place.

Qui restera prendre soin de notre pays
Un jour, un ami et moi avons partagé un moment de rire devant l’ambassade de France au Congo. Nous avons remarqué de nombreux jeunes qui, comme toi, semblaient prêts à quitter le pays, en quête d’un avenir meilleur. Pour plaisanter, je lui ai lancé : « Mais si nous partons tous, qui restera pour prendre soin de notre pays ? ». Avec le temps, je crois ne plus vouloir trop rire à cette blague.
En fait, même si je n’ai jamais été le partisan de la fuite (j’enseigne par ailleurs tous les jours à mon fils les valeurs de persévérance et de fierté), je sais que pour toi, la réalité se fait implacable. Les choix qui se présentent à toi ne sont pas uniquement motivés par une simple passion. Les raisons qui peuvent te chasser de chez toi sont polymorphes, léchées par des maux qui ne t’appartiennent pas.
Je sais que ce pays vibrant de vie, est également marqué par des difficultés et des défis. Je ne te dis pas que tout sera facile et que tu ne vas pas devoir te battre contre l’injustice des systèmes universitaires, faire face à des soucis financiers ou encore devoir te coltiner des heures d’études dans des locaux désossés. Je veux juste te dire que, c’est vrai, l’idée de partir peut sembler alléchante au premier abord. On te promet un avenir meilleur, des opportunités infinies et une vie plus aisée. Mais la réalité est parfois bien différente.

Parce que oui, qu’on ne te trompe pas, si les pays qui soutiennent l’immigration nous accueillent, c’est pas pour notre joli sourire ; c’est qu’ils ont un intérêt derrière cette immigration.
Lorsque vous arrivez dans un pays étranger, on vous rappelle constamment que vous êtes un étranger, que vous venez d’ailleurs. On vous demande de rentrer dans votre pays, de laisser derrière vous vos rêves et vos aspirations. Cette sensation de ne jamais vraiment appartenir, de ne jamais être pleinement accepté, peut être profondément déstabilisante et épuisante.
Et que dire de l’amour, le vrai amour qui émane de vos proches, de votre famille et de votre communauté ? Ce lien inébranlable qui vous nourrit, vous soutient et vous donne la force d’affronter les difficultés de la vie. Lorsque vous partez, vous vous éloignez de cet amour, vous vous sentez isolé, peut-être même perdu.
Et puis, il y a cette dure réalité que vous travaillerez pour le développement d’un autre pays, pendant que le vôtre continuera à sombrer dans les problèmes et les défis. Vous serez loin de chez vous, investissant votre temps, votre énergie et votre talent dans la construction d’un avenir qui ne profitera pas directement à votre propre peuple.
Travailler pour nous à partir de chez nous
C’est vrai, il est souvent dit que partir est la garantie d’un avenir meilleur. Pourtant, il est essentiel de ne pas oublier que nulle part ailleurs n’est aussi doux que chez soi. Nous devons rester parce que nous sommes habitués à notre réalité, à notre culture et à notre façon de vivre. Nous sommes appelés à reconstruire notre pays, à bâtir un avenir solide et prospère.
La meilleure façon d’y parvenir est de rester et de travailler depuis l’intérieur. Dans quelques années, les investisseurs afflueront vers le continent africain, conscients des nombreuses opportunités qui s’offrent à nous. Ils auront besoin de main-d’œuvre qualifiée et compétente, et les opportunités d’emploi seront nombreuses.
Imaginez un monde où ces investisseurs choisiraient de recruter les talents locaux, ceux qui ont investi leur temps, leurs efforts et leurs connaissances pour construire un avenir meilleur pour leur pays. Quelle fierté ce serait de voir nos propres compatriotes contribuer activement au développement de notre nation !

Restons forts, solidaires et déterminés
Il est vrai que les défis peuvent sembler décourageants, que les opportunités peuvent sembler rares. Mais rappelons-nous que les grands changements commencent par des petits pas. Chaque action, chaque idée, chaque projet peut contribuer à façonner un avenir meilleur pour nous tous.
Alors, ne perds pas espoir. Restons enracinés dans notre terre natale, travaillons avec détermination et passion pour améliorer les conditions de vie de notre peuple. Soyons les acteurs du changement, les artisans de notre propre destin.
Le jour viendra où nous verrons les fruits de notre persévérance. Nous serons témoins de notre pays qui se relève, qui se transforme en une nation prospère et florissante. Et ce jour-là, nous pourrons dire avec fierté que nous avons joué un rôle crucial dans cette réussite.
Alors, restons forts, restons solidaires et restons déterminés. Car notre pays a besoin de nous, de notre talent, de notre ingéniosité et de notre passion. Ensemble, nous pouvons construire un avenir radieux pour le Congo, où chaque citoyen pourra s’épanouir et réaliser ses rêves.
Que le choix de partir ou de rester ne se fasse pas par complexité. Si tu dois rester, reste puis travaille dur. S’il arrive que tu partes, pars pour bosser, pour te démarquer et revenir chez toi. Que ta fierté ne t’empêche pas de revenir. Personne ne viendra construire notre Afrique à notre place.

Toi camarade, bachelier ou futur diplômé qui te pose la question : » faut-il partir, braver les vents qui te hantent, ou bien rester, bercé par le connu qui t’appelle ? » J’aimerais te répondre cette fois avec ma voix d’adulte : malgré les maux de notre continent, personne ne viendra construire notre Afrique à notre place.
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