Brazzaville : L’usine textile de Kinsoundi, une usine plongée dans l’oubli

À travers les années, les habitants du quartier Kinsoundi dans l’arrondissement Makélékélé ont vu l’ancienne usine textile décliner inexorablement. Autrefois, ce quartier abritait la plus grande usine de transformation vestimentaire du Congo. Malheureusement, suite aux conflits politiques et ethniques débouchant à la guerre de 1997, cette usine a été laissée à l’abandon. Dès lors, le quartier a évolué, devenant de plus en plus habité, tandis que l’étendue inexploitée de l’usine se détériorait dans l’oubli. La question persiste : pourquoi ?

Faut-il déjà oublier l’usine ?

Bien évidemment, à l’époque où l’usine était fonctionnelle, le quartier n’était qu’une simple forêt accueillant une usine. Aujourd’hui, il est devenu un quartier habitable, dynamique et sans aucun doute l’un des plus grands de son arrondissement. Cependant, la sécurité sanitaire des habitants prime, excluant la possibilité d’une usine de cette ampleur dans le complexe.

Néanmoins, est-ce pour autant une raison pour laisser cet espace en friche ? Je ne pense pas.

Aujourd’hui, en pénétrant dans l’enceinte de l’usine, des petits jardins apparaissent. Ces jardins apportent une source de subsistance à certaines familles. On trouve aussi des garages automobiles et des espaces culturels aménagés. La raison d’être de ces aménagements est de préserver l’espace, lui donnant une utilité. Des jeunes s’y retrouvent pour la danse, la musique ou le sport.

Renaissance

À noter que ce sont les habitants eux-mêmes, et non le gouvernement ou toute autre entité, qui ont entrepris ces initiatives. Pourtant, ils ont été plusieurs fois expulsés du complexe sous prétexte que l’État avait des projets pour cet espace.

En effet, à un moment donné, certains habitants avaient investi les salles de l’ancienne usine, en faisant leur lieu de vie. D’autres ont établi des petites boutiques et entreprises informelles autour du complexe grâce au jardinage. Malheureusement, à chaque fois qu’une communauté semblait progresser, elle était expulsée pour une raison ou une autre.

Que faire de cet espace ?

Si le gouvernement a un projet d’utilisation de l’espace, tant mieux. Cependant, il serait souhaitable que ce projet profite aux habitants du quartier. Ils se sont longtemps sentis négligés en termes de développement national, avec des infrastructures limitées en eau, électricité et routes. C’est comme si quelqu’un cherchait à les punir pour on ne sait quelle raison.

Ne pouvons-nous donc pas voir ce que la jeunesse veut nous faire comprendre ?  Ne pouvons-nous pas mettre en place un supermarché dans le complexe ou encore un complexe culturel ou sportif ?  Une chose est sûre, c’est que les habitants de l’arrondissement Makélékélé aiment se retrouver autour des activités culturelles et sportives.

En définitive, un appel à la prise de conscience est lancé pour le bonheur collectif et la participation active à l’économie nationale. Si l’État n’a pas les moyens, peut-être les entrepreneurs et les investisseurs locaux ou étrangers peuvent-ils contribuer. Le temps est venu d’agir dans une perspective de développement durable. Pensons à demain, aux générations futures. Investissons dans des projets positifs pour que nous puissions en être fiers.